Une bonne cinquantaine de personnes étaient présentes aux Rencontres de Pontivy le 8 novembre pour cet atelier de travail animé par Jean Ollivro et Charles Kergaravat qui regroupa des gens de profils très divers (porteurs de projets, jeunes, chefs d’entreprises, représentants du tissu associatif, élus, etc.). La rencontre a débuté par un tour de table tout en demandant, par l’outil Klaxoon, aux gens d’écrire ce qu’incarnait pour eux « Agir ensemble pour la Bretagne ». Les phrases affichées à l’écran ont permis d’ouvrir un riche débat.
En synthétisant ces deux outils, quatre constats sont notables et tiennent à la fois d’un diagnostic et de levier. Le premier fait est que l’agir ensemble pour la Bretagne est tout de suite envisagé comme un socle de valeurs débordant largement le seul enjeu marchand. La Bretagne, c’est la « confiance », on n’est pas dans les « sigles ». Des éléments de « civilité », une « habitude » de coopérer, « le bas niveau d’insécurité » font qu’il existe un constat sur le bien-vivre. C’est un constat non financier et il n’est pas sûr que ce diagnostic eût été identique dans un pays de mentalité plus marchande. Cette porte est jugée comme devant s’ouvrir aux jeunes, dont on a beaucoup parlé d’autant que quelques-uns étaient présents. Un élément important est aussi de séduire au lieu d’inquiéter, de valoriser les actions positives plutôt que de dire que tout va mal. Un schisme a été constaté quant aux canaux d’information entre les générations.
De fait, les préconisations d’ordre économique ont elles-mêmes procédé d’actions sociales, étant donné que différents chiffres prouvent dans la région des modes d’avancement différents (5 points de plus pour l’E.S.S, le rôle des « coop » ou du mutualisme même si certains principes peuvent être attaqués, l’importance supérieure du tissu associatif, du civisme (tri des déchets, etc.). Des pistes évoquaient alors un mariage renforcé des tissus économiques et associatifs, les deux silos pouvant avancer l’un vers l’autre. Comment les entreprises peuvent agir pour créer un lien social fort ? Comment en retour, ce profil peut permettre de donner à un avenir local à nos jeunes, souvent très bien formés ? Cette interaction d’un mariage renforcé est apparue comme un second axe névralgique. L’idée d’une Bretagne terre d’expérimentation fut évoquée. Voire, en raison de ses singularités, celle de construire un socle de management breton pour les entreprises bretonnes.
Le troisième axe de développement fut alors la culture, l’information sur la Bretagne, des éléments sur les langues et l’intégrité du territoire breton (B5). Les débats s’orientèrent sur l’enjeu des médias, avec des regrets concernant l’échec récent du Journal de la Bretagne, des interrogations sur ce sujet décidément majeur, certains allant jusqu’à évoquer une déconnexion générationnelle. L’enjeu d’une nouvelle médiatisation de l’agir ensemble pour la Bretagne fut posé, avec différents projets ou pistes en cours (de nouvelles normes d’éducation à la langue, à la culture, une forme de Netflix breton, etc.). D’autres idées ou actions concrètes en lien avec les territoires furent aussi développées (implication des jeunes dans les fermes, loisirs de sensibilisation à la nature, etc.)
Enfin, la question des outils fut centrale, allant d’enjeux majeurs comme la couverture numérique de la Bretagne et ses enjeux jusqu’à la dimension des messages. Dans le premier cas, des problèmes de connexion s’avèrent rédhibitoires pour les territoires bretons. Ils ont aussi une dimension sociale, leur absence limitant de fait les interactions entre les habitants et occasionnant différents décrochages. L’avenir peut susciter une nouvelle aspiration de la ruralité avec des jeunes souhaitant se reconnecter à la nature. Dans le monde des idées, ce local peut s’associer à l’identité bretonne, l’affirmation B.5 pouvant être un automatisme, un élément de fait, un levier aussi pour une action plus cohérente.