Article publié sur 20minutes.fr
Entretien – Originaire du Puy-de-Dôme mais attaché à la Bretagne où il passe tous ses étés du côté de l’Aber-Wrac’h, le célèbre lexicographe Alain Rey vient de publier une nouvelle édition du Dictionnaire historique de la langue française. L’occasion de rappeler ce que le français doit au breton, mais aussi comment il est responsable de la disparition des langues régionales…
Votre dictionnaire historique montre que le français est une langue qui s’est toujours nourrie de multiples apports et influences, parmi lesquels il y a le breton…
Dans ce livre, j’essaye de montrer que le français est un kaléidoscope. Ses usages sont répandus dans le monde entier, de la Polynésie à la Louisiane, mais dans chacune de ces régions, il y a des contacts avec d’autres langues, et c’est un enrichissement. Cet enrichissement est moins visible que le débarquement massif des américanismes, mais il est tout aussi important ! Le français est une façon de voir le monde, une pensée, qui est unifiante parce qu’elle a un vocabulaire de base et une syntaxe, mais qui prend des formes par les usages particuliers du français. Ces usages, tout en gardant l’unité de la langue, manifestent une formidable variété culturelle. Ne pas reconnaître cette variété culturelle, non seulement en décrivant mieux les régionalismes dans le français, mais en acceptant le bilinguisme et l’enseignement des langues et dialectes, est une erreur.
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